2/10/2009

Mariana Saragoça

Notre amie Mariana Saragoça nous a quittés le 14 janvier dernier, à Lisbonne, à l’âge de 70 ans, à la suite d’une longue maladie.

Ayant consacré sa vie à la diffusion de la langue et de la culture portugaises en tant que lectrice de l’Institut Camões aux quatre coins du monde, s’étant également engagée dans l’alphabétisation des adultes selon la méthode de Paulo Freire, elle a rencontré la cause timoraise en Australie, à Adelaïde où elle a enseigné entre 1993 et 1997.

En contact étroit avec la communauté de réfugiés timorais, elle a découvert la figure du résistant Xanana Gusmão, liant plus tard avec lui et sa famille une amitié qui ne s’est pas démentie jusqu’à sa mort.

C’est en 2000 que Mariana est envoyée par l’Institut Camões à Timor où elle séjourne huit mois, dans un pays en début de reconstruction. Elle lance le Centre Culturel Portugais et participe en même temps à la fin de sa construction et à la structuration de son action, inaugurant de nombreux projets comme l’enseignement du Portugais, la foire du livre, etc…

Son retour en France, à l’Université de Pau où elle était ma collègue depuis 1998 et d’où elle avait été détachée, est dû à la maladie douloureuse qui l’emportera.

Déjà avant son départ à Dili, elle militait au sein de l’association Agir pour Timor et plus tard France-Timor Leste, promouvant différentes actions telles que des rencontres entre des acteurs politiques et culturels et les étudiants de notre université, mais également la population palloise.

Elle a notamment impliqué dans la cause l’association Lusofonie créée par celle qui allait devenir sa grande amie, Reine Accoce.

En pleine canicule d’été, à la fin des années 90, elle m’a entraînée dans la belle aventure de la traduction du livre de poésie de Xanana Gusmão, Mar Meu, et dans la réalisation du CD qui s’ensuivit, édité en trois langues par l’Institut Camões. Mariana, passionnée de théâtre et formée à lecture, enregistrait les poèmes en portugais ; Ana Luísa Amaral, célèbre poète portugaise, les traduisait et les lisait en Anglais ; et moi-même en Français.

Ayant pris sa retraite en 2003, Mariana continuait à vivre à Pau, toujours liée à la cause timoraise avec son énergie indéfectible, mais aussi sa grande tendresse et tout son dévouement.

C’était une petite femme d’une force incroyable, une lutteuse qui a su forger son destin à la mesure du monde, aux carrefours de l’altérité. Elle a rejoint à présent son Alentejo natal où elle est inhumée à Vila Nova de Baronia.


Catherine Dumas

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