5/28/2011

La SCOP Fraternité, le restaurant Indonesia, Umar Said et le Timor Leste…


Texte lu par Carlos Semedo, lors de la cérémonie de commémoration du 9ème anniversaire de la restauration de l’indépendance de la République Démocratique du Timor Leste, à la Mairie de Paris 20, en présence de l’Ambassadeur de la RDTL à Bruxelles, Nélson dos Santos, de représentants de la Mairie de Paris et de la Mairie de Paris 20ème, du Consul général du Portugal à Paris et de nombreuses autres personnalités.



Le restaurant coopératif Indonesia, au 12 rue de Vaugirard à Paris, a été créé en 1982, il a 28 ans. Vous le savez peut-être, il n’y a que quatre restaurants coopératifs dans tout Paris. Pour une petite entreprise et pour un restaurant, par les temps qui courent, 28 ans c’est déjà une longue vie, c’est plutôt rare. Pour tous ceux qui croient aux avantages de l’économie sociale c’est un grand réconfort de voir que des projets collectifs bien gérés tiennent la route en étant beaucoup plus que de simples entreprises.

Mais le restaurant Indonesia n’est pas qu’une belle réussite de l’économie sociale, il a été fondé avec une mission politique aussi importante que sa mission sociale. Les fondateurs au nombre de huit, étaient à moitié indonésiens et à moitié français. Pour les Indonésiens ils se trouvaient en France en fuyant la répression qui a suivi le coup d’Etat de Suharto en 1965. Parmi eux et parmi nous aujourd’hui, notre grand ami, Pak Umar Said. 

Ce restaurant a été une plateforme pour des Indonésiens exilés qui arrivaient à Paris, et y trouvaient un emploi et un réseau de solidarité.

Umar et ses amis ont été parmi les premiers à Paris à réagir à l’invasion du Timor par l’armée de Suharto. A leur initiative ont eu lieu les premiers meetings de solidarité avec les Timorais. Ils sont à l’œuvre lors de la création de la première association de solidarité avec le Timor Oriental, l’ASTO. Et pendant toute la période d’occupation et le temps de la résistance, le restaurant Indonesia s’est toujours offert comme un havre de paix pour les Timorais en exil. Des dirigeants et pas des moindres, jusqu’au Président de la République et Nobel de la Paix, José Ramos Horta, connaissent bien ce lieu, il est allé jusqu’à y dormir sur une banquette de la salle du sous-sol.

Permettez-moi un témoignage personnel. Pour les militants parisiens d’Agir pour Timor et d’autres associations de solidarité, en particulier ceux, nombreux, d’origine portugaise, la simple existence de cet endroit était le meilleur antidote contre les dérapages quelquefois très émotionnels qui auraient confondu Indonésie et Ordre Nouveau, peuple indonésien et armée de Suharto. Combien de fois, lorsque j’entendais des commentaires négatifs sur « les Indonésiens » et que je voulais faire sortir de l’émotion (légitime devant des nouvelles d’atrocités commises) pour comprendre les raisons politiques de l’occupation, j’invitais la personne à dîner au Indonesia et je m’arrangeais pour que Umar ou Emile ou Iba ou d’autres soient par là et que nous puissions prendre le temps de parler quelques minutes. C’était l’occasion d’envisager un avenir dans lequel Timorais et Indonésiens entretiendraient des relations amicales de pays voisins qui se respectent mutuellement, au-delà de leurs spécificités et différences. Je suis heureux que l’histoire nous ait donné raison : l’indépendance du Timor a été rendue possible, aussi, par le vent de démocratisation qui a soufflé sur l’Indonésie. Et aujourd’hui il y a de bons rapports diplomatiques entre les deux Etats. 

En janvier dernier Christian Sautter, ancien ministre du Budget et Secrétaire Général adjoint de l'Elysée, Maire Adjoint de Bertrand Delanoë, a remis la Médaille de la Ville de Paris à Umar Said, en reconnaissance de ses diverses activités pour la création de la Scop Fraternité et l’ouverture du restaurant coopératif Indonesia, pour ses efforts dans le domaine des droits de l'homme et de la lutte contre toutes les formes d'oppression et d'injustice ainsi que pour la promotion de l'amitié, de la fraternité et de la lutte pour la liberté. Il est devenu citoyen d'honneur de la ville de Paris.

Lors de son Assemblée générale le 21 mai 2011 l’association France-Timor Leste a rendu hommage à Umar Said, à l’équipe franco-indonésienne de fondation de la SCOP Fraternité (dont faisait partie notre adhérente Paulette Géraud), aux responsables actuels de la Scop et à l’équipe du restaurant.

L’assemblée générale a décidé de nommer la Scop Fraternité et Umar Said membres d’honneur de l’association France-Timor Leste.

France-Timor Leste s’inscrit dans la démarche de création de l’Association des amis du restaurant Indonesia et affirme à l’équipe actuelle, dirigée par Soejoso et Nita, toute sa reconnaissance, amitié et confiance.

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